Bande annonce
« Entre les murs » est une cloison délicate à traverser tant il y est dépeint le trouble actuel qui ébranle les racines de l’éducation française.
Le quotidien d’une classe de collège s’habille d’une réalité sensible, parfois âpre et s’imprègne d’un idéalisme finalement légitime. La fiction discrédite évidemment la dimension autonome du témoignage mais sans prétendre non plus à embellir une vérité peu reluisante que le genre s’évertue d’ordinaire à produire.
C’est la substance d’un film dont la réalité est soudainement en dehors d’elle même, sollicitant la pensée de celui qui décide de l’observer afin qu’il en dégage un jugement, un avis personnel. C’est alors qu’il est possible d’inscrire le cœur de la problématique dans un débat socio culturel.
Il paraît évident que chacun redoute l’impact du jugement « moral » sur le débat du collège sans que celui-ci n’ entraîne l’éducation à vouloir maladroitement s’en emparer et le modifier. Or, la réalité ambiante de cette classe de collège démontre à quel point l’éducation se conserve de penser la « nouvelle école » et la déclare ainsi – implicitement – irréformable.
« Entre les murs » se contente du monde de l’enseignement tel qu’il est et prolonge ce voyage sous la forme d’un changement de l’idée de ce qu’il pourrait être.
Le collège doit réconcilier l’élève et le professeur, toujours dans un soucis d’écoute et de partage. Le sens commun sensé valoriser le réalisme et l’intérêt de tous vers la connaissance se disloque, s’effile avant même que l’élève franchisse le porte de sa salle de cours.
La classe est souvent réduite à un espace impersonnel, repliée sur elle-même, ou chacun stimule silencieusement son angoisse de l’échec.
Il est d’usage d’utiliser le terme de « précarité scolaire » à qui s’abandonne le peu de confiance qu’il restait en chaque élève la veille d’une nouvelle semaine de cours. Il n’y a pas d’êtres qui soient dénués d’intérêts pour le savoir tant un adolescent semble s’émerveiller à le transmettre à ses pairs.
Le ministère de l’éducation doit retrouver une entente positive avec le professorat. Le fossé qui les sépare semble se creuser trop rapidement et au détriment de l’image qu’ils se font de leur propre métier.
La vétusté de la mécanique laïque ne correspond plus au besoin du collège nouveau. Cette valeur fondamentale nécessite un précieux remaniement. Le collège doit assumer son histoire et prolonger sa mutation avec l’héritage qu’il à tiré du passé en inscrivant dans sa course toute les garanties d’un prolongement des valeurs qu’il a accumulé jusqu’à maintenant.
Il doit être la réponse aux contradictions permanentes qu’ engendrent les influences étrangères et la génération nouvelle d’attentes pluriculturelles.
Il doit retrouver un statut hautement respectable dans lequel le professeur saisirait à nouveaux les objectifs fondamentaux de sa fonction, impliquant la discipline douce, l’idéal pratique, l’ordre naturel et la transmission du plaisir scolaire dans son acception populaire.
L’enseignement, s’il s’affranchit de son sens le plus trivial, saura dépasser la triste enceinte de ses murs.
Jonathan Picard. blogeur intermittent sur brooksdebates