L’apparat et la politique

Est il un système démocratique contemporain qui puisse argumenter son action sans recourir systématiquement au pouvoir de l’image politique?

L’image politique a une existence ambivalente. Elle propose une manipulation simple des consciences collectives et suppose tout aussi bien l’indépendance du sujet qui la regarde, comme un simulacre du jugement qui lui est rendu possible par l’attention bien particulière qu’il portera à ce qu’il observe.

Dans le cadre d’une société  occidentale, les liens traditionnels qui se tissent entre un citoyen et  l’idée du fonctionnement de la politique devrait reposer sur sa dimension praxéologique, sa disposition à agir et à répondre aux contraintes générales par l’action.

L’image n’est utile que dans son pouvoir à assujettir celui qui la regarde. Bien qu’elle puisse susciter chez l’un ou l’autre une réaction très différente, elle impose  son excellence dans la mécanique de la politique et investit méthodiquement la subjectivité de l’individu. La simple existence de l’image est subordonnée aux intentions de son créateur et de son diffuseur.

La définition de la politique actuelle se constitue aussi avec une certaine pratique de la représentation, puisque les citoyens sont des êtres dont l’essence est de voir.

L’image est contraire à la reconnaissance du lien légitime rendant la liberté possible. Elle n’est pas une chose dont le citoyen consent de son plein gré. Elle devient, avec l’émergence et l’émulation constantes des NTIC*, une source nouvelle d’inégalité culturelle, nourrissant les inégalités économiques et sociales préexistantes.

L’image témoigne et divise, elle revêt le costume infâme du réquisitoire et l’absurde panoplie de la bêtise. Elle schématise maladroitement le débat de société en un drôle d’oracle manichéen. Elle est et devient le médium à travers lequel se façonne le comportement d’un individu, l’opinion d’un public.

Les rudiments d’une démocratie doivent-ils reposer sur la compétence des citoyens à rendre leurs jugements de valeurs possibles, à prendre la parole et à commenter l’image politique ? Comment prolonger les désirs qu’ils développent afin qu’ils puissent les adapter intentionnellement à leur contemporanéité. ? La politique pense l’environnement et l’individu imagine ses conditions, mais quelle est cette image de l’accomplissement visé ?

L’image se glisse dans l’interstice des miroirs, dans le jeu de la représentation. Elle pourrait être, si elle était intégralement comprise, le support d’un lien social partagé et non prescrit. Elle imaginerait certainement un miroir assez flatteur à travers lequel la politique cesserait de s’éloigner vainement de son propre reflet.

Jonathan Picard. Blogeur intermittent pour Brooksdebates.

* nouvelles technologies de l’information et de la communication

Published by emmacdo

Currently working in marketing and comms in Amsterdam. Passionate about all things digital, writing, dancing, travelling and much more. Mental health blogger and advocate.

2 thoughts on “L’apparat et la politique

  1. Je suis étonnée de lire ce texte dans son ensemble et cette phrase en particulier….
    “L’image n’est utile que dans son pouvoir à assujettir celui qui la regarde.”
    L’image, il conviendrait d’en définir le terme et pour cela, je reprendrais la définition de Jacinto Lageira dans L’image du mon dans le corps du texte, p.16 : ” le terme d’image n’est pas à prendre comme représentation, dépiction, reproduction ou imitation de ce qui est perçu – une représentation mentale n’est évidemment pas une image au sens strict – mais comme construction de notre esprit telle que nous pouvons la formuler par le langage.”)
    L’image contemporaine propose grâce aux NTIC des possibles et surtout un réel (différent de celui qui la regarde)….Elle ouvre non pas sur le monde mais sur des mondes….l’assujettissement n’est pas bien nouveau (retables, icônes)
    il faut juste apprendre à regarder….
    ce texte me semble bien réducteur des dimensions extraordinaires de l’image à l’ère du web2.0
    cordialement
    ©B

  2. choix de sujet tres interessant! malheureusement dans mon petit cafe internet bresilien il est difficile pour moi de me concentrer dans ma lecture. ceci dit j’aime le sujet et je pense qu’on devrait se parler de cette “image politique” car il semblerait qu’on a qqes idees semblables et qu’on pourrait peutetre ecrire qqc d’interessant a deux…

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